Colloque international - Università degli Studi di Milano, 16 octobre - 17 octobre 2018
Dictionnaires et sociétés
Problématique
Dictionnaires et culture numérique dans l’espace francophone
Avec le temps, le format numérique s’est banalisé et accueille aujourd’hui aussi bien la lexicographie professionnelle (Petit et Grand Robert, dictionnaire Usito, etc.), voire institutionnelle (Base de données lexicographiques panfrancophone, Trésor de la langue française informatisé), que la lexicographie profane (notamment les dictionnaires collaboratifs, comme le Wiktionnaire), et sert de lieu d’archivage à des ouvrages qui ont une valeur historique importante (Le Thresor de la langue françoyse de Nicot, les différentes éditions du Dictionnaire de l’Académie française, le Littré, les glossaires québécois publiés de 1880 à 1930, etc.). Cette culture numérique permet donc la cohabitation – et donc la co-consultation – d’une abondance de ressources, sans classement ni hiérarchisation.
Ce colloque s’intéresse à l’impact du numérique sur la conception et la production des dictionnaires de langue dans l'espace francophone et invite les intervenants à réfléchir aux retombées de ces transformations sur la lexicographie en particulier, mais aussi sur la langue au sens large, autant sur les plans linguistiques que sociolinguistiques.
La 1re édition de ce colloque, qui a eu lieu à l’Université de Sherbrooke en septembre 2016, nous a notamment permis de faire l’inventaire des nouvelles ressources rendues disponibles par l’avènement du Web 2.0.1 Pour la 2e édition, nous voulons plutôt mettre l’accent sur le traitement de la langue dans les dictionnaires, sur le rapport de l’usager avec cet outil à la fois commun et complexe, et sur la répartition des savoirs dans les dictionnaires institutionnels et dans les dictionnaires profanes. Cette réflexion s’articulera autour des trois axes suivants :
1) Le traitement de la langue dans les ressources numériques
Parce qu’ils ont tous une ligne éditoriale, un public cible et des conditions de production spécifiques, chaque dictionnaire porte un regard différent sur la langue et contribue à l’enrichissement de sa description. Mais le dictionnaire n’est pas que le dépositaire d’un savoir linguistique, il est aussi une fenêtre sur la culture d’une société, ses valeurs et son histoire. Il est enfin le lieu de luttes de pouvoir, le témoin du triomphe d’usages dominants et d’usages en perte de vitalité. Cet axe s’intéressera donc à la description de la langue, les dictionnaires numériques servant ici de corpus.
2) Les représentations de la langue dans les outils en ligne
La langue est un sujet de débat quotidien sur les forums, les blogues et autres lieux de discussion en ligne. Mais que dit-on du dictionnaire, des dictionnaires? Comment en parle-t-on? Cet outil a-t-il encore une valeur spécifique aux yeux des usagers ou bien est-il remplacé par d’autres ressources dont l’accès est plus immédiat?
3) La place de l’usager dans la description de la langue
Dans la lexicographie contemporaine et, notamment, dans la lexicographie profane et collaborative, le rôle de l’usager a été inversé : de récepteur, il est devenu émetteur. Quels sont les effets de ce changement? Peut-on supposer que la présence d’un usager-émetteur amène une vulgarisation des connaissances (scientificité remise en cause?) Est-il possible d’en déceler des marques discursives?
1Les actes de la 1re édition du colloque sont disponibles au http://dorif.it/ezine/